Cela me rappelle un truc qui m'est arrivé il y a longtemps.

Un matin, je me réveille avec très mal aux dents. Radio du dentiste : abcès causé par une dent de sagesse qui tente de pousser dans l'os. (même moi je le vois sur la radio, elle est complètment à l'horizontale !) On me donne des antibiothiques ; lorsque l'abcès aura disparu, il faudra opérer la dent de sagesse. Opération obligatoire, vous allez faire des abcès à répétition, aucun espoir que cela s'améliore tout seul ! Aucune autre dent de sagesse en vue, c'est la seule ouf ! Parce que vous n'avez pas la bouche assez grande !


Ma douleur ne passe pas, j'ai même furieusement mal à la gorge, de plus en plus. Mon médecin de l'époque, puis SOS médecin, le dimanche, consultés l'un après l'autre, à quelques jours d'intervalle,  me disent qu'il faut être patiente et attendre que les antibiothiques fassent effet. Moi, je sens bien que je vais très mal, plus de quarante de fièvre, je passe mon temps à dormir, je n'ai plus conscience de ce qui se passe autour de moi. Il y a une bonne semaine que je ne m'alimente plus du tout, pas faim, trop mal. Le seul truc que je prends, c'est du jus d'orange, le seul truc qui me fasse envie, alors que normalement, je déteste ça !
 
Lundi ; dans un sursaut de conscience, j'attrappe l'annuaire et j'appelle au autre médecin, qui deviendra ensuite mon généraliste. Il ne prend pas du tout les choses à la légère : "flegmon bien avancé, vous êtes en train de commencer une septicémie, si ça ne perce pas dans la journée, c'est l'hôpital !" Dans ma gorge, il y a des amas blanc derrière la peau qui s'affine, même moi je les vois dans un miroir, gros comme des haricots secs, sauf que je n'avais pas regardé avant qu'il me le dise, et que la veille le médecin de SOS n'a strictement rien vu. Il me fait arrêter les antibiothiques qui ont fait trainer ce flegmon et les remplace par un médicament qui va le faire mûrir. Quelques heures plus tard, mon flegmon perce, un immense verre de pu, je n'aurais jamais cru que ma gorge pourvait en contenir autant !!! . Aussitôt la fièvre tombe, je revis, la douleur disparait. J'ai perdu six ou sept kilos.
 
Je n'ai plus mal, tout va bien, je laisse tomber l'opération des dents de sagesse.

Plusieurs années plus tard, alors que je consulte le dentiste pour autre chose, je lui en reparle. Mes dents de sagesse n'ont d'ailleur jamais percé : pas la place, bouche trop petite pour l'une, absence pour les autres. Elles sont bien là, et surprise,  toutes les quatre,  dans l'os de la gencive, et celle qui était horizontale, bien droite. Aucune ne pousse désormais dans l'os.

Je les ai encore aujourd'hui, bien cachées, je n'ai subi aucune opération, pourtant jugée insdispensable des années plus tôt.