Bonjour tout le monde,
Je m'appelle Pamela, j'ai 23 ans et comme vous, j'adore les lapins. Si je ne m'inscris qu'aujourd'hui sur ce genre de forum, c'est que mon lapinou actuel, Nouille, est très probablement en fin de vie et que je ressens le besoin de m'exprimer à ce sujet. Peut-être que cela allégera le poids de ma peine lorsqu'elle rejoindra le paradis des lapins.
Ma sœur et moi avons adopté nos deux premières lapines lorsque nous étions petites à un ami de la famille qui en faisait l'élevage. Ma mère ne les voulait pas à l'intérieur de la maison, alors nous avons construit en famille un clapier au fond du jardin. Le bonheur d'avoir des lapins était malheureusement gâché par leur tempérament sauvage et craintif. Après qu'ils se soient échappés suite à l'attaque d'une bestiole, nous avons pris un autre lapin, Bounty, qui a intégré une grande cage dans la cuisine. Après quelques mois passés en sa compagnie, Soquette l'a rejoint. Nous les laissions sortir à l'heure des repas et nous aimions les voir jouer avec nos pantoufles et les câliner. Malheureusement, un soir qu'ils faisaient la java dans leur cage, nous les avons fait passer la nuit dehors et au réveil, elle était éclatée au sol, sans les lapinous. Nous les avons cherché dans tout le quartier mais rien. Nous ne les avons plus jamais revus.
Ma sœur et moi étions toujours tristes et ne souhaitions pas en reprendre un nouveau pour le moment. Mais un jour, mon grand-père a trouvé un petit lapin dans son jardin, sûrement évadé. Après avoir fait le tour des maisons sans que personne ne le réclame, nous l'avons récupéré. Nouille était toute petite mais très curieuse et câline. C'est un bélier au poil blanc avec des tâches taupe et les "cheveux" en vrac. Nous l'avons à son tour installée dans sa grande cage à trois niveau dans la cuisine et elle s'est très vite faite à son nouvel environnement. Nouille est le lapin auquel je me suis le plus attachée car contrairement aux autres, je l'ai vraiment chouchoutée. J'ai beaucoup appris entre temps sur l'entretien du lapin et j'ai pu appliquer ces conseils avec elle pour lui offrir la meilleure vie possible. Nous avions nos rituels qui ont contribué à l'élaboration de cette complicité. Je la laissais quasiment toute la journée en liberté, elle adorait gambader dans la maison, me sauter dessus lorsque j'étais allongée dans le couloir ou venir se coucher sur mon pied quand je faisais la cuisine.
Mais vers juin, je l'ai trouvé un matin dans sa cage, presque inerte. Elle baignait dans son urine qui sentait très fort et le vétérinaire lui a trouvé un calcul dans la vessie avec les radios. Elle ne s'alimentait plus et devions, ma sœur et moi, la gaver à la seringue plusieurs fois par jour, la baigner et lui appliquer de la bétadine sur sa peau à vif. Un examen complémentaire nous a forcé à lui limer les dents et à ré-ajuster son alimentation. Le vétérinaire nous a déconseillé de la faire opérer pour lui retirer son calcul et nous étions d'accord. Et alors qu'elle s'en remettait, elle a enchaîné un matin avec un syndrome vestibulaire. J'étais en panique, mes parents pensaient que c'était la fin et ma sœur pleurait dans son coin. Je ne sais pas si vous avez déjà assisté à ces crises, mais c'est vraiment terrifiant. Le lapin se convulsait, faisait des bonds qu'il ne maîtrisait pas, il couinait et n'arrivait pas à se tenir sur ses pattes. Sa tête s'est mise à pencher vers le sol et un œil ne répondait plus et vacillait. Après cet épisode, nous avons recommencé le gavage et les médicaments et nous avons constaté une rechute au bout d'une semaine. Finalement, la petite s'en est remise peu à peu. Son rapport à l'hygiène a vraiment été affecté ; elle n'utilise plus son bac à litière et se soulage n'importe où dans sa cage. Stagner dans ses urines lui attaqué la peau et nous devions la baigner à l'eau claire très souvent, puis appliquer de la bétadine pour éviter l'infection. C'était une période difficile. Il fallait, ma sœur et moi, que nous travaillions ensemble pour lui administrer ses soins et Nouille ne nous facilitait pas la tâche. Je crois que c'est à ce moment que j'ai commencé à douter de son potentiel de survie. La pauvre petite cumulait les ennuis et était affaiblie à chaque nouvel épisode. Mes proches me conseillaient d'envisager l'euthanasie, mais je ne pouvais pas m'y résoudre. Je voulais qu'elle s'en sorte, peut-être égoïstement parce que je ne voulais pas qu'elle me quitte. J'avais déjà injecté un début de fortune entre les consultations chez le vétérinaire et les soins mais ma petite méritait le meilleur et je ne voulais avoir aucun regret. Mais je pense qu'au fond, j'étais peu à peu en train de me faire à l'idée que ses meilleurs jours étaient derrière et que son futur était incertain.
Début septembre, nous avons remarqué une grosseur rouge au niveau de son œil et des pellicules dans son pelage. Le vétérinaire y a détecté une gale de peau et nous a dit que la grosseur était probablement due au frottement de son œil contre les copeaux de litière. Il nous a également conseillé une litière en cristaux absorbante pour tenter de lui sécher au mieux les pattes. Ces cristaux étant finalement trop fins pour absorber, nous avons ensuite acheté la taille au dessus mais Nouille s'est coupé les pieds avec. Nous avons du retirer les morceaux incrustés et lui soigner ses plaies. Puis la vie a reprit son cours. Je lui appliquais matin et soir du gel pour lubrifier sa pupille mais la grosseur ne semblait pas vraiment se résorber, et j'ai remarqué une perte de poids, sûrement due au manque d'activité et à l'arrêt des granulés. La semaine dernière, je l'ai trouvée à l'étage le plus élevé de sa cage et ça m'a émue aux larmes. Cette nette amélioration impliquait qu'elle reprenait le dessus et qu'elle était à nouveau capable de bondir d'un niveau à l'autre. J'étais tellement contente!
Vendredi dernier, il y a trois jours, nous sommes retournées voir le vétérinaire le cœur léger pour son œil gonflé. Malheureusement, nous n'étions pas préparées à son diagnostic. La boursouflure à l’œil est en réalité un abcès que le vétérinaire pense être le résultat d'une infection à l'une de ses dents. Ce qui expliquerait sa perte de poids. Elle mange au même rythme et les mêmes quantités qu'avant sauf que son infection puise dans ses forces et l'amaigrit. Le médecin nous a alors exposé trois solutions ; la première est de consulter un "dentiste" pour lapin ce qui représente une lourde opération et des soins très contraignants par la suite, sans parler de l'aspect financier. La seconde option, c'est de l'endormir au gaz pour aller drainer son abcès et en profiter pour analyser ses dents ; peut-être que la dent infectée est accessible et qu'elle serait sauvée. Dans les deux cas, il faut agir vite tant qu'elle a encore la ressource nécessaire et ne pas attendre qu'elle perde encore du poids car elle ne pourrait pas supporter ces interventions. La dernière solution, c'est de la laisser tranquille. Le vétérinaire m'a assuré qu'elle ne souffrait pas et qu'elle pourrait vivre pleinement le temps qu'il lui reste, et que, lorsqu'elle sera arrivée au terme de ses forces, nous l'accompagnerons...
Nous avons finalement décidé de tenter le drainage de l'abcès. Nous avons rendez-vous jeudi matin à la clinique. Comme je l'ai dit plus haut, je ne veux pas avoir de regret. S'il existe, même une infime chance pour prolonger la vie de ma choupette, je veux la saisir. Elle continue de lutter et fais des progrès tous les jours. Elle a fait preuve de beaucoup de courage et de persévérance et je veux l'encourager en ce sens. Elle me montre, au fil des jours, qu'elle désire reprendre le dessus et je pense qu'elle compte sur moi pour l'y aider. Je voudrais qu'elle retrouve sa vie de lapin heureuse, la voir courir, sauter et jouer. J'estime qu'elle a suffisamment prouvé sa volonté de s'en sortir au cours de ces quelques derniers mois et qu'elle mérite de guérir. Si vous le voulez bien, je vous donnerai des nouvelles des suites de l'intervention de jeudi. Je vous remercie d'avoir suivi jusque ici. J'espère ne pas trop vous avoir ennuyés avec mon histoire, peut-être que certains auront traversé la même chose et comprendrons ce besoin de confidence. J'y vois également une manière de lui rendre hommage si jamais le destin était déjà écrit, et de m'assurer de ne jamais oublier les moments joyeux ainsi que les difficultés que nous aurons vécues. Je n'ai jamais vécu la mort d'un parent proche ou d'un animal, et cette issue me terrifie. Je croise les doigts pour que tout se passe bien et que l'intervention nous apporte de bonnes nouvelles. Même si je suis lucide, je ne peux m'empêcher d'espérer, pour elle.
Je vous remercie à nouveau, et vous souhaite une bonne journée